Fiche Documentaire n° 4848

Titre Quels chemins pour la transmission d’une culture de la solidarité ?

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l'auteur principal

Auteur(s) GLARNER Thierry
BOULOUGOURIS ELENE
 
Site de l'auteur helha.be ( BOULOUGOURIS ELENE )  
     
Thème Forum Montréal  
Type Forum, GT, Carrefour  

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Résumé

Quels chemins pour la transmission d’une culture de la solidarité ?

Solidarité : « le nom s’emploie en parlant de choses (1789) au sens de dépendance réciproque et, couramment, de personnes (1795) pour fait d’être solidaire et de s’entraider » . Étymologiquement, cette définition renvoie donc à la prise en compte de l’autre, à l’interdépendance, lorsque les événements de la vie, bons ou difficiles, nécessitent la participation de chacun à en vivre les conséquences. La solidarité s’illustre en droit par les liens formels qui existent entre un débiteur et son créancier, par les droits et devoirs qui lient un travailleur et son employeur ou encore à travers les droits et devoirs qui transcendent la vie familiale.
Cependant, l’évolution sociale érige l’autonomie, l’indépendance, la responsabilité individuelle, la liberté individuelle, l’épanouissement personnel, etc., sur l’autel des idéaux sociétaux, avec pour conséquence l’érosion lente des solidarités collectives axées sur la prise en compte et la prise en charge des personnes les plus fragilisées, stigmates « honteux » des laisser pour compte du néolibéralisme. Le système scolaire renforce cet état de fait par l’évaluation et la sélection individuelle des résultats, pour répondre aux nécessités de singulariser les individus dans un monde d’hypercompétition.
A l’inverse, le travail social est impliquant, engageant, imprégné des droits de l’homme et met constamment en avant l’accompagnement de l’autre en tant que sujet cherchant à prendre sa place en société. Comment alors, en tant qu’enseignant dans les formations aux métiers du social, est-il possible d’instaurer, de transmettre une culture de la solidarité, à des jeunes étudiants, pour la plupart déjà formatés à la culture de l’individualisme, à l’envie d’indépendance et à des projets de développement personnel qui peuvent s’avérer être perturbants lorsqu’il s’agit, dans le métier d’assistant social, de pratiquer l’empathie, la culture du projet collectif ou l’action communautaire ?
Les résultats d’une enquête sur les représentations qu’ont nos étudiants d’aujourd’hui sur la notion de solidarité, sur la relation et l’usage qu’ils en font, nous permettront de tenter une définition actualisée de la solidarité en vue du questionnement suivant :
• Quelles formes prend la solidarité aujourd’hui pour les jeunes?
• Pourquoi, en tant qu’enseignant dans le bachelier AS, aborder encore et toujours l’importance de la solidarité, et comment faire le pont avec les représentations que les jeunes en ont ?
• Quels chemins possibles pour les solidarités dans et hors nos écoles, quels ponts possibles entre les deux ?
• Le futur AS, a-t-il une place à prendre dans les actions citoyennes, les innovations sociales,…?

Ces différentes questions qui nous préoccupent et nos réflexions enrichies par nos lectures et par nos expériences d’enseignants, constitueront une base pour l’animation des échanges entre les participants afin que chacun puisse repartir « solidairement » avec des pistes enrichies par le groupe pour transmettre une culture de la solidarité.

Bibliographie

Bihl J. (2015). La solidarité, droit universel. Science Humaine n°271, pg.58.
Brun P. (2014). A la rencontre des milieux de pauvreté. De la relation personnelle à l’action collective. Lyon. Chronique sociale
D’Hombres E. dir. (2015). Du solidarisme à l’économie solidaire. Fonder et réaliser la solidarité. Lyon. Chronique sociale.
Devèze, J-C (2015). Citoyens impliquons-nous. Lyon. Les Chroniques Sociales.
De Waal F. (2010). L’âge de l’empathie, leçon de la nature pour une société solidaire. Les liens qui libèrent.
Frérot, O. (2015) Solidarité émergentes, institutions en germe. Comprendre, pour choisir et agir. Lyon Les Chroniques Sociales.
Fournier M. (coord.) (2011). Le retour de la solidarité. Dossier dans Science Humaines n°223, p 32-51.
Honneth A. (2000). La lutte pour la reconnaissance. Le cerf.
Paugam S. (dir).( 2007). Repenser la solidarité. L’apport des sciences sociales. P.U.F.
Périféria (2014).Mettre en place et transmettre des démarches de participation. Publication dans le cadre de l’éducation permanente. Fédération Wallonie-Bruxelles.
Sciences humaines (2015), Dossier : inégalités. Pourquoi elles s’accroissent ? Comment les combattre ? N°267, éd. Sciences Humaines, Auxerre, pp. 26-47.
Supiot A. (sld) (2015) La Solidarité. Enquête sur un principe juridique, Odile Jacob, Paris

Présentation des auteurs

Thierry Glarner, Maître assistant à la Haute Ecole en Hainaut
Elene Boulougouris, Maitre assistante et Maître de formation pratique à la Haute Ecole de Louvain-en Hainaut

Communication complète

Axe 3 : La transmission des solidarités, ses modalités et ses enjeux.
Titre du forum : Quels chemins pour la transmission d’une culture de la solidarité ?

Solidarité : « le nom s’emploie en parlant de choses (1789) au sens de dépendance réciproque et, couramment, de personnes (1795) pour fait d’être solidaire et de s’entraider » . Étymologiquement, cette définition renvoie donc à la prise en compte de l’autre, à l’interdépendance, lorsque les événements de la vie, bons ou difficiles, nécessitent la participation de chacun à en vivre les conséquences. La solidarité s’illustre en droit par les liens formels qui existent entre un débiteur et son créancier, par les droits et devoirs qui lient un travailleur et son employeur ou encore à travers les droits et devoirs qui transcendent la vie familiale.
L’évolution sociétale a érigé l’autonomie, l’indépendance, la responsabilité individuelle, la liberté individuelle, l’épanouissement personnel, l’excellence, etc., sur l’autel des idéaux sociétaux, avec pour conséquence l’érosion lente des solidarités collectives axées sur la prise en compte et la prise en charge des personnes les plus fragilisées, particulièrement celles qui sont exclues du marché du travail, stigmates « honteux » des laissés-pour-compte du néolibéralisme. Le travailleur social est alors tenu responsable de mettre tout en œuvre pour « inciter » les perdants du système économique à se réinsérer professionnellement.
Ces logiques managériales imprègnent de plus en plus les pratiques professionnelles actuelles des assistants sociaux. Bien que leur formation comprenne un volet théorique et pratique important de l’apprentissage à l’accompagnement des personnes, la notion de solidarité collective reste souvent une notion « symbolique » et peu incorporée dans les actes professionnels, que ce soit dans le travail en équipe ou entre pairs. Le travail social est souvent un travail solitaire, renforcé par l’exigence du secret professionnel et la responsabilité individuelle de l’administration des dossiers sociaux.
Face aux assauts répétés des gouvernements successifs visant le détricotage des politiques sociales et le renforcement de la responsabilité individuelle de l’intégration, il existe des organes représentatifs, des comités de vigilance, des observatoires de la situation sociale et autres, qui écrivent et clament leur volonté d’être un rempart défensif de la protection sociale. Malgré leur intense implication, Il y a de fait très peu d’actions collectives menées sur la scène publique, impliquant personnellement les travailleurs sociaux, pour défendre le système de protection sociale, alors que les travailleurs salariés du monde économique hésitent beaucoup moins à défendre collectivement les enjeux liés à l’emploi.
Le système scolaire, loin de susciter l’apprentissage collectif, à travers des méthodes pédagogiques coopératives ayant fait leurs preuves (Mérieu, 2016), renforce la responsabilité individuelle des étudiants, par l’évaluation et la sélection individuelle des résultats, pour répondre aux nécessités de singulariser les individus dans un monde d’hyper compétition et dans lequel l’emploi de travailleurs sociaux se raréfie de plus en plus. Cette situation interpelle néanmoins les enseignants et leur responsabilité dans la formation et l’encadrement des étudiants, qui sont souvent fort jeunes et sans réelle connaissance du contenu du travail social ni des rôles polyvalents de l’assistant social ni des enjeux politiques qui visent de plus en plus à confiner le travail social dans des tâches individuelles de contrôle et d’exécution administratives.
En tant qu’enseignant dans les formations aux métiers du social nous avons pour mission de former des citoyens avec pour certaines Hautes Ecoles la vision du citoyen solidaire, Comment alors est-il possible d’instaurer, de transmettre une culture de la solidarité, à des jeunes étudiants, pour la plupart déjà formatés à la culture de l’individualisme, à l’envie d’indépendance et à des projets de développement personnel alors que la définition même du métier d’assistant social implique de participer au changement social, à la mobilisation des ressources individuelles de la personne, en lien avec son environnement, à des fins de participation au développement de la société ? Comment développer, en corollaire, une culture du projet collectif ou de l’action communautaire ?
Les résultats d’une enquête sur les représentations qu’ont nos étudiants d’aujourd’hui sur la notion de solidarité, nous ont permis de faire émerger quelques pistes de réflexion non dénuées d’intérêt.
Nous avons interrogé 254 étudiants venant de nos deux écoles, répartis de la manière suivante :
147 étudiants de première année et 107 de troisième et dernière année.
Le questionnaire comprenait 3 questions :
1) Pour moi, la solidarité c’est…
2) Pour moi, la solidarité ce n’est pas…
3) Illustrez par un exemple vécu ce qu’elle est pour vous et ce qu’elle n’est pas.
Regroupés en catégories de sens, à partir d’une analyse de contenu, les résultats indiquent qu’il y a très peu de différences entre les étudiants des deux écoles, concernant leurs représentations de ce qu’est ou n’est pas la solidarité. Les aspects individualistes en termes d’entraide restent dominants pour tous les étudiants. Par contre, les questions d’action collective transparaissent davantage chez les étudiants de dernière année, laissant supposer l’influence de la formation et surtout des expériences de stage dans leurs représentations mentales. Cependant, ils envisagent davantage la nécessité de mener des actions collectives ciblées sur des publics spécifiques, en vue de maintenir les liens avec la société, plutôt qu’un changement radical de paradigme social nourri des droits de l’homme et non de droits économiques. Par ailleurs, les exemples évoqués renvoient à des expériences vécues diamétralement différentes. Les étudiants de première année sont préoccupés par la formation et la recherche de soutien auprès des pairs, alors que les étudiants en dernière année sont tournés vers leur futur métier et les problématiques sociales auxquelles ils ont été ou vont être confrontés.
Ce forum a donc pour objet de réfléchir sur au moins ces deux constats à partir de quelques questions majeures, à savoir :
• Quelles formes prend la solidarité aujourd’hui pour les jeunes?
• Comment, en tant qu’enseignant dans le bachelier AS, aborder encore et toujours l’importance de la solidarité, et comment faire le pont avec les représentations que les jeunes en ont ?
• Quels chemins possibles pour susciter des solidarités dans et hors nos écoles, quels ponts possibles entre les deux ?
• Comment l’enseignant dans la formation des futurs AS peut-il amener ses étudiants d’une part, à s’ouvrir aux nouvelles formes de solidarité (comme par exemple les actions citoyennes, les innovations sociales,…) et d’autre part, à s’interroger sur la place que peuvent y prendre les travailleurs sociaux ?

Ces différentes questions qui nous préoccupent et qui font l’objet de quelques expériences informelles dans nos écoles, enrichies par nos lectures respectives et par nos expériences d’enseignants, constituent ainsi une base pour l’animation des échanges entre les participants afin que chacun puisse repartir « solidairement » avec des pistes enrichies par le groupe en vue d’innover dans la transmission d’une culture de la solidarité.

BIBLIOGRAPHIE
Bihl J. (2015), La solidarité, droit universel ?, Sciences Humaines n°271, Sciences Humaines, p.58, Auxerre
Brun P. (2014), A la rencontre des milieux de pauvreté. De la relation personnelle à l’action collective, Chronique sociale, Lyon
De Waal F. (2010), L’âge de l’empathie, leçon de la nature pour une société solidaire, Les liens qui libèrent, Paris
D’Hombres E. (2015), Du solidarisme à l’économie solidaire. Fonder et réaliser la solidarité, Chronique sociale, Lyon
Devèze, J-C. (2015), Citoyens impliquons-nous, Chronique sociale, Lyon
Frérot, O. (2015), Solidarité émergentes, institutions en germe. Comprendre, pour choisir et agir, Chronique sociale, Lyon
Fournier M. (coord.) (2011), Le retour de la solidarité. Dossier dans Sciences Humaines n°223, pp. 32-51, Sciences Humaines, Auxerre
Honneth A. (2000), La lutte pour la reconnaissance, Le cerf, Paris
Ion J. (2011), Bénévolat, assistance… Pourquoi s’engage-t-on ? Dossier dans Sciences Humaines n°223, pp. 44-46, Sciences Humaines, Auxerre
Meirieu P. (2016), La pédagogie coopérative c’est une panoplie de techniques, interviewé dans la revue Sciences Humaines N° 282, Sciences Humaines, p. 36, Auxerre
Paugam S. (dir) (2007), Repenser la solidarité. L’apport des sciences sociales. P.U.F., Paris
Périféria (2014), Mettre en place et transmettre des démarches de participation. Publication dans le cadre de l’éducation permanente. Fédération Wallonie-Bruxelles
Sciences humaines (2015), Dossier : inégalités. Pourquoi elles s’accroissent ? Comment les combattre ? N°267, éd. Sciences Humaines, pp. 26-47, Auxerre
Supiot A. (sld) (2015), La Solidarité. Enquête sur un principe juridique, Odile Jacob, Paris

Résumé en Anglais


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