Quelle professionnalité pour les formateurs en travail social ?
Joëlle DELACÔTE, Responsable de formation – IRTS Paris Île de France – Etablissement de Melun
Pourquoi et comment devient-on formateurs en travail social ? Telle une obsession, cette question guide mes réflexions depuis une quinzaine d’années.
Après avoir longuement étudié cette question, je m’interroge aujourd’hui sur la professionnalité des formateurs en travail social dans un contexte de plus en plus contraint et à l’heure où leur environnement ne cesse d’évoluer.
En m’appuyant sur mes précédentes études qui ont montré l’évolution des profils sociologiques des formateurs et leur difficulté à constituer un groupe sociologique, je vais à travers cette contribution partager ma réflexion sur comment les formateurs se professionnalisent et construisent leur professionnalité.
Pour construire cette nouvelle analyse, je me suis appuyée sur mes lectures, mes observations, mes échanges avec les formateurs, les professionnels de terrain et sur des évaluations des formations par les étudiants. Il s’agit d’une analyse à petite échelle qui n’a pas de prétention à être généralisée, mais qui contribue à la réflexion sur la question « quels formateurs en travail social pour demain ? »
Aujourd’hui, face aux réformes des formations sociales en France, à la modification des profils des étudiants et aux nouvelles modalités d’apprentissage en lien avec le numérique, comment se positionnent les formateurs en travail social ? Ont-ils évolué ? Comment s’adaptent-ils à ce nouveau contexte contraint pour rester professionnalisant pour les étudiants futurs travailleurs sociaux ? Ont-ils développé de nouveaux savoirs spécifiques et/ou de nouvelles compétences ?
Si à l’unanimité les formateurs interrogés reconnaissent que leur métier a changé, ils ne vivent pas les changements de la même manière. Certains font évoluer leurs modalités pédagogiques, d’autres centrent les évolutions et adaptations sur la relation pédagogique, tandis que d’autres encore misent sur la co-construction avec des milieux de pratiques appelés dans les formations sociales en France « sites qualifiants ».
En effet, quelles articulations et collaborations mettent-ils en œuvre avec les milieux professionnels (sites qualifiants) pour permettre aux futurs professionnels de développer des compétences nécessaires à l’accompagnement des publics touchés par les nouvelles problématiques sociales ?
Bibliographie
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