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Prendre en compte la parole des jeunes inscrits dans le trafic de stupéfiantes pour changer les pratiques des éducateurs dans le « aller vers ».
Les évolutions institutionnelles d’un service prévention d’un quartier du Sud toulousain ont amené l’ensemble des professionnels à vivre des changements, ces dernières années, passant d’une forme associative à l’intégration d’abord au CD31 puis au transfert à Toulouse Métropole dans le cadre de la loi NOTRe.
Si le travail de rue fait partie des formes possibles de l’exercice du métier d’éducateur spécialisé, très souvent et de façon générale, la formation n’aborde pas ou que très peu cette forme d’intervention. Pour autant, en prévention spécialisée, le travail de rue est une modalité d’intervention spécifique pour « aller vers » les publics les plus éloignés du droit commun.
Les éducateurs du club de prévention ont donc construit depuis plusieurs années une pratique empirique leur permettant, en fonction de leur connaissance du territoire et de leur implantation, d’être connus et de tisser des liens avec les jeunes.
Cette forme singulière d’intervention a d’ailleurs été réaffirmée par le service prévention jeunesse de Toulouse Métropole qui souhaite que les équipes développent cette pratique de façon régulière.
Au sein du service de prévention, des professionnels ont fait le constat de limites, repérées lors de cette forme d’intervention. En effet, même si les échanges qui se créent avec les jeunes au gré des rencontres sont riches et permettent de poser, dans certains cas, le début d’un accompagnement social, les éducateurs recueillent une parole faite du quotidien, parfois complexe et ambiguë ancrée dans une réalité du quartier pas toujours bien saisie par l’action publique.
Ces expériences du quotidien poussent des éducateurs spécialisés à s’intéresser à des expériences similaires et des travaux de recherche menés dans d’autres territoires proches des réalités qu’ils croisent dans l’exercice de leur profession.
Un travail de recherche-action est alors engagé avec un chercheur partant de l’envie de donner la parole aux jeunes croisés au grès de séances de travail de rue. Au fil des rencontres, les éducateurs et le chercheur vont tester des outils pour faciliter le développement de la relation avec ces jeunes.
Cette parole est aussi la possibilité de mieux comprendre les parcours des jeunes rencontrés qui vont s’inscrire dans une activité professionnalisante, le deal, puis qui vont souhaiter en sortir.
Ces informations sont importantes dans le cadre du développement d’un travail d’accompagnement social et de prévention. Comprendre les trajectoires des jeunes permet de pouvoir repérer les temps de bascule et accompagner les jeunes, le plus possible avant ces bifurcations.
Comment alors, un service de prévention peut accompagner ces jeunes à trouver une place qu’ils auront choisie ? Aujourd’hui, ils sont installés dans une place attribuée par le contexte, les rituels et les difficultés qu’ils rencontrent avec l’institution scolaire. Comment leur faire prendre conscience que le trafic, principale occupation, n’est finalement, pas si rentable que cela ? Comment les aider à bifurquer vers un parcours qui puisse les reconnaître en tant que citoyen ?
Ces expérimentations vont permettre de progressivement accéder à la réalité quotidienne des jeunes rencontrés, tissant du lien et ajustant l’accompagnement de ce public aux besoins réels exprimés par les jeunes. En faisant émerger le vécu exprimer par les jeunes, les éducateurs deviennent les détenteurs d’une réalité sociale venant questionner les représentations construites autour de ces jeunes, mais aussi les formes d’interventions éducatives des professionnels. Cette communication sera l’occasion de présenter les premiers constats et réflexions menés depuis deux ans dans le cadre de cette recherche-action.
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