Fiche Documentaire n° 6225

Titre ETHIQUE et PARTICIPATION

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Auteur(s) GOVERNALE stéphanie  
     
Thème ARTICLE RETRAVAILLE  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

ETHIQUE et PARTICIPATION

En France, depuis 2019, la Haute Autorité de Santé, a la responsabilité d’élaborer un référentiel commun, permettant d’évaluer la qualité des accompagnements, et cela, portée, notamment, par des valeurs universelles,en faveur de la participation et de l’autonomie du public accompagné. En effet, la participation des personnes aux processus de décisions qui les concernent est un mouvement politique fort, depuis quelques décennies. L'idéologie de la participation des personnes en situation de vulnérabilités, est inscrite dans les lois, pilotée par l’Etat, depuis 2002. Mais c’est aussi et surtout, plusieurs décennies de militantisme, de luttes portées par les personnes concernées elles-mêmes. Mais, la participation n'est pas un allant de soi, car, pour qu’une participation libre et effective se manifeste dans chaque interstice de l'accompagnement, les chemins pour y parvenir sont parfois bien complexes et source de conflits de valeurs. La démarche participative interroge l’autonomie des personnes, et plus particulièrement une autonomie de leurs décisions, ce que nous appelons autonomie morale ou autonomie de la volonté en philosophie Joelle Zask, philosophe, propose une définition de la participation bien comprise, qui me semble propice pour comprendre les fondements de mon propos: "pour vivre la participation chaque acteur reçoit les conditions de possibilités de prendre part, contribuer et recevoir une part de sa participation". Ces trois niveaux, constituent le garant d’une mise en œuvre opérationnelle du pouvoir d’agir des personnes. Le principe d'autonomie en France, comparé à celui de la participation, recouvre un enjeu majeur, puisque institué depuis la Révolution Française, comme une norme sur laquelle le contrat social s'appui. La norme autonomie, comme la participation, est pilotée par les politiques publiques, et comme annoncé en début de propos, soumise à évaluation. Ces modèles d'évaluation, fortement inspiré du new public management, ainsi transférés au travail social et médico-social, percutent la définition même de Joelle Zask, en générant des conflits de valeurs notamment. Cette notion de conflit de valeur paraît insuffisamment pensée en travail social, pourtant source de crise, de désaffection, qui se développent et s’accumulent, dans ce système. Que faire de ce constat ? D'autant, que la question des valeurs est un moteur chez le travailleur social, voir un vecteur de son engagement auprès des personnes en situation de vulnérabilités. Les analystes du travail, l'ont largement documenté depuis plusieurs décennies. Les conflits de valeurs sont une cause importante de souffrance au travail (Girard, 2009), six actifs sur dix y sont exposés (DARES, Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques2021). Dès 2011, l'ANACT( agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) alertait sur des processus de désaffection professionnelle, particulièrement délétère sur la santé, en pointant des nouvelles formes d’organisation et de management. Diane Girard clarifie "les détresses morales du professionnel", en documentant les conflits de valeurs au travail : "ceux-ci se produisent, lorsque dans une situation donnée, une personne est tiraillée entre diverses valeurs qui préconisent des actes contradictoires". La DARES, en 2021, informe que l'exposition la plus fréquente résulte de conflits éthiques, dans des situations où les professionnels doivent faire des choses qu’ils désapprouvent. En 2022 le nouveau rapport Piveteau, évoque que l’appel très clair des pouvoirs publics à susciter le « pouvoir d’agir » des personnes est parfois ressenti comme une injonction paradoxale, en raison d’incohérences observées entre les principes affichés et certains fonctionnements administratifs. Enfin, si l'on complète cette analyse des sources de paradoxes, un des axes de la définition du travail social, parait constituer, une autre source de tensions, clairement institué : "promouvoir l’autonomie ET la protection" (Article L116-1, code de l’action sociale et des familles). Il apparaît que cette définition de l’action sociale, mobilise fortement le professionnel, dans le quotidien et la réalité de l'accompagnement. En effet, allier autonomie et protection est une préoccupation centrale, qui demande une élaboration singulière. Les travailleurs sociaux peuvent être amenés, pour allier ses contradictions, à convoquer différentes postures et positionnements pour prendre positions; pour ce faire, ils s'appuient sur un registre de valeurs, qui selon l'issue choisie, pourra générer un inconfort émotionnel, lui même source de conflits. Comme nous l'avons vu, le conflit est source de souffrance, c'est une épreuve, où les tensions sont à évacuer. Nous proposons, de maintenir les tensions et les crises, de ne pas les évacuer, afin de les penser et les élaborer, individuellement et collectivement...par la réflexion éthique et par la participation des personnes accompagnées. Nous avons constaté, que pour parer aux complexités du réel de l'activité, les professionnels s'appuient sur du pilotage, à l’endroit de la morale. La morale peut se discuter, à l'endroit de l'éthique. Ces phénomènes, méritent d'être observés et diagnostiqués, et il convient d'être inventif. (Je développe sur mon terrain d'étude, Unapei Alpes Provence, depuis mars 2022, des ateliers éthiques, tous les deux mois, avec 200 professionnels) Des expérimentations actuelles, démontrent des pistes émancipatrices, par la culture du questionnement éthique. Un management centré sur la morale de l’accompagnement ,"routines qui deviennent des doctrines", possible frein des postures d’altérité. La tradition philosophique, depuis l’antiquité, documente les questions morales et les jugements que les humains produisent. La réflexion éthique favorise une élaboration de la posture professionnelle, en faveur de la participation. Ces ateliers permettent un dialogue entre morale et éthique, « on conviendra aisément qu'il importe au plus haut point de savoir si l'on n'est pas dupe de la morale » Totalité et infini (1961) Emmanuel Levinas, et constitue une révision des pratiques, incarnées par les acteurs eux-mêmes, dans une maïeutique d’élaboration de la pensée. La philosophie de Levinas nous semble proposer, un possible levier pour concilier, les contradictions à l’œuvre, par une mise en question de ma spontanéité par autrui, Ethique et Infini, EL.

Bibliographie

• BAUDURET Jean-François, Institutions sociales et médico-sociales, De l’esprit des lois à la transformation des pratiques, Malakoff, Dunod, 2017
• CUKIER Alexis, DELMOTTE Fabien, LAVERGNE Cécile, Emancipation, les métamorphoses de la critique sociale, Bellecombe-en-Bauges, Editions du Croquant, 2013
• BACQUE Marie-Hélène, BIEWENER Carole, L’empowerment, une pratique émancipatrice ? Paris, éditions la découverte, 2015
• ASTIER Isabelle, sociologie du social et de l’intervention sociale, Paris, Armand Colin, 2014
• DURRIVE Louis, L'expérience des normes, Comprendre l'activité humaine avec la démarche ergologique, Toulouse, Editions Octarès, 2015
• ZASK Joëlle, Participer, essai sur les formes démocratique de participation, Lormont, Editions LE BORD DE L’EAU, 2011
• MORIN Edgar, Introduction à la pensée complexe, Paris, édition du Seuil, 2005
• DEWEY John, la formation des valeurs, Paris, La Découverte, 2011
• LALANDE André, vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1926, 4ème tirage, 2018
• Georges CANGUILHEM, Le normal et le pathologique, Paris, PUF, 1994

Présentation des auteurs

Issue d'une première carrière d'assistante sociale à l'hôpital, j'ai souhaité poursuivre mes réflexions sur le travail social, par une nouvelle posture de recherche, en préparant une thèse de philosophie. C'est dans le cadre d'un contrat de recherche, que je développe une mission, sur le terrain de l’Unapei Alpes Provence (04-05-13) depuis un an à présent. Mes travaux se concentrent à présent principalement, sur le développement de la culture éthique, par une méthodologie singulière, en y associant les personnes accompagnées. Les expérimentations démontrent une nécessité pour les professionnels de pouvoir se décaler, par la réflexion éthique. Nous développons des ateliers éthiques actuellement avec plus de 150 professionnels, afin d’envisager de revisiter des postures d’accompagnement, plus en phase avec la participation et l’autonomie des personnes. Mais la culture du questionnement et la réflexion éthique, s’avèrent déterminantes pour l’association, car elle propose d’envisager d’autres pistes organisationnelles et développe des stratégies collectives, vectrices de sens, et de projet en faveur de l’autodétermination des personnes.
Une méthodologie au cœur de ces ateliers, par une réflexion éthique (s’appuyant sur Kant et Levinas) semble un préambule à la participation des personnes et le développement de leur autonomie. Pour le dire plus clairement, la philosophie nous permet de penser la complexité d’un système mouvementé, où le pilotage exclusif s’avère parfois délétère, et que des équilibres nouveaux et hybrides, sont à coconstruire.
La deuxième phase se développe actuellement et d’ici septembre 2023. Troisième phase année 2024.

Le projet de la thèse trouve initialement sa source dans des expériences de comité éthique à l'hôpital, où j'ai pu expérimenter des pistes collégiales, face à des situation complexes et de crise. De plus, dans mes pratiques, la participation des personnes et leur expertise a nourri ces réflexions éthiques, ce qui m'a amené a vouloir développer des éléments de recherche, en faveur d'une interdépendance éthique et participation

je suis membre d'AFRIS France et vice présidente d'ANDELIS.
je suis également consultante et formatrice auprès de filière formation initiale et continue, sur ces deux thématiques.

Communication complète

Le contexte de crise, tel qu’évoqué ces dernières années, au cœur du travail social, nécessite de pouvoir élucider un certain nombre de phénomènes. Au regard de la complexité inhérente à cette mouvance, et aux tensions que cela suscite auprès des protagonistes, la recherche peut constituer un angle à examiner. Dans ce regard possible, d’une recherche en travail social, le choix de la posture, détermine le geste conceptuel choisit. Pour ma part, d’une place singulière, hybride, j’ai choisi d’analyser dans un premier temps les effets constatés chez les professionnels du travail social, permettant d’éclairer le quotidien de l’activité. Des premiers travaux, dans le cadre d’un master de philosophie et d’ergologie, ont permis, d’exposer un regard sur la participation, au sein des interventions sociales et médico-sociales. Nos recherches ont mobilisé un diagnostic du concept de participation, documenté par les sciences sociales (rendez-vous manqué, Bacqué,2015, constamment réinventé, Bresson, 2014, la participation incarne une forme d’émancipation attendu mais aussi crispe les professionnels tant il est complexe » (Jaeger 2009) ; de même, différents rapports d’évaluation (haut comité en travail social, observatoire de lutte contre la pauvreté, associations de soutien aux personnes). Ainsi, c’est autour d’un travail exploratoire, que j’ai confronté ces apports conceptuels, aux éléments d’analyses émanant des protagonistes eux-mêmes (professionnels et personnes accompagnées). Ce diagnostic partagé, a étayé l’hypothèse d’un processus de participation long à émerger, et d’une injonction dans le couple « faire participer » « rendre autonome », source de tension et de contradiction au sein des organisations de travail. Nous avons perçu des phénomènes d’injonctions, au cœur des dispositifs, comme relevant de paradoxes, plongeant les protagonistes dans des tensions et des contradictions que nous avançons comme mal être grandissant de ce secteur d’activité. De même, compte tenu de l’engagement nécessaire des professionnels, dans des rencontres complexes, auprès de public en situations de vulnérabilités, c’est tout un système qui nous paraît en risque de danger. En effet, peut-il y avoir un impact problématique et grandissant de l’action publique à penser le travail social et les concepts qui le caractérisent, dans des politiques autonomiques qui régissent les pratiques professionnelles? L’action publique propose des normes d’actions aux professionnels pour parer à la complexité des situations de travail, dans ces conditions, le professionnel n’est-il pas dans ce contexte, dépossédé d’une délibération endogène, à l’origine de sa formation, de son système de valeurs complexes, construit pour répondre aux singularités de l’humain? Ce climat n’est-il pas délétère à long terme, et ainsi lié au contexte de crise? Enfin, les résultats de cette recherche exploratoire, ont été confrontées à des exemples de coopération entre acteurs, nous permettant d’identifier des pistes d’émancipation de ces normes contradictoires. En effet, au sein de collectifs observés et fabriqués par les protagonistes eux-mêmes, il semble que des marges d’interactions entre les individus, soient génératrice de participation « bien comprise » (Zask, 2011). Des espaces de dialogues de savoirs, professionnels et expérientiels, permettant de renouveler des pratiques dans un débats de normes. C’est pourquoi j’ai souhaité poursuivre cette exploration, par une recherche doctorale. Rappelons, que pour faire face à cet« empêchement renouvelé » de la participation des personnes accompagnées, les intentions publiques proposent des cadres normatifs, où les personnes en situation de vulnérabilités sont amenées à participer à leur projet de vie, par des outils règlementés et évalués par l’Etat. Une nouvelle gouvernance de l’action sociale et médico-sociale, instituée depuis 2002, et se voulant paradigmatique, reconnait et affirme le droit à l’autonomie. La capacité à se déterminer par soi-même, à se gouverner soi-même, s’est vue protégée par le droit. C’est une série législative, initiée depuis deux décennies, dans le secteur sanitaire et social, où la démocratie participative s’est imprégnée fortement du principe d’autonomie des personnes. Mais, comment penser l’autonomie et la participation, au cœur des organisations, en dehors des cadres normatifs, en suspendant les injonctions, en développant une pensée collective? En France, depuis 2019, la Haute Autorité de Santé, a la responsabilité d’élaborer un référentiel commun, permettant d’évaluer la qualité des accompagnements, et cela, portée, notamment, par des valeurs universelles, en faveur de la participation et de l’autonomie du public accompagné. Comme nous le savons, la participation des personnes aux processus de décisions qui les concernent est aussi, un mouvement politique fort, depuis quelques décennies, de militantisme, de luttes portées par les personnes concernées elles-mêmes. Mais, la participation n'est pas un allant de soi, car, pour qu’une participation libre et effective se manifeste dans chaque interstice de l'accompagnement, les chemins pour y parvenir sont parfois bien complexes et source de conflits de valeurs. La démarche participative interroge l’autonomie des personnes, et plus particulièrement une autonomie de leurs décisions, ce que nous appelons autonomie morale ou autonomie de la volonté en philosophie. « L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi » (Kant, 1785), l’autonomie chez Kant, est d'abord une propriété de notre esprit, de ce qu'il appelle notre raison, mais aussi notre volonté. Tous les êtres humains sont autonomes au sens où ils peuvent devenir eux-mêmes par leur raison individuelle et qui acquiert quelque chose d'universel, la source de leurs actes et de leurs choix. C’est le paradigme Kantien, penseur de la modernité, influence majeure de la doctrine du droit, à nos jours. Joelle Zask, philosophe, propose une définition de la participation bien comprise, qui me semble propice pour comprendre les fondements de mon propos : "pour vivre la participation chaque acteur reçoit les conditions de possibilités de prendre part, contribuer et recevoir une part de sa participation". Je propose de percevoir cette définition, comme trois niveaux, qui constituent le garant d’une mise en œuvre opérationnelle du pouvoir d’agir des personnes. Le principe d'autonomie en France, comparé à celui de la participation, recouvre un enjeu majeur, puisque institué depuis la Révolution Française, comme une norme sur laquelle le contrat social s'appui. La norme autonomie, comme la participation, est pilotée par les politiques publiques, et comme annoncé plus haut, soumise à évaluation. Ces modèles d'évaluation, fortement inspiré du new public management, ainsi transférés au travail social et médico-social, nous paraissent percuter la définition même de Joelle Zask, en générant, ce que nous pensons, sources des conflits de valeurs notamment, et probablement, des dilemmes éthiques. Cette notion de conflit de valeur paraît insuffisamment pensée en travail social, pourtant source de crise, de désaffection, qui se développent et s’accumulent, dans ce système. Que faire de ce constat ? Les analystes du travail, l'ont largement documenté depuis plusieurs décennies. Les conflits de valeurs sont une cause importante de souffrance au travail (Girard, 2009), six actifs sur dix y sont exposés (DARES, Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques, 2021). Dès 2011, l'ANACT (agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) alertait sur des processus de désaffection professionnelle, particulièrement délétère sur la santé, en pointant des nouvelles formes d’organisation et de management. Diane Girard clarifie "les détresses morales du professionnel", en documentant les conflits de valeurs au travail : "ceux-ci se produisent, lorsque dans une situation donnée, une personne est tiraillée entre diverses valeurs qui préconisent des actes contradictoires". La DARES, en 2021, informe que l'exposition la plus fréquente résulte de conflits éthiques, dans des situations où les professionnels doivent faire des choses qu’ils désapprouvent. En 2022 le nouveau rapport Piveteau, évoque que l’appel très clair des pouvoirs publics à susciter le « pouvoir d’agir » des personnes est parfois ressenti comme une injonction paradoxale, en raison d’incohérences observées entre les principes affichés et certains fonctionnements administratifs. Enfin, si l'on complète cette analyse des sources de paradoxes, un des axes de la définition du travail social, parait constituer, une autre source de tensions, clairement institué : "promouvoir l’autonomie ET la protection" (code de l’action sociale et des familles). Il apparaît que cette définition de l’action sociale, mobilise fortement le professionnel, dans le quotidien et la réalité de l'accompagnement. En effet, allier autonomie et protection est une préoccupation centrale, qui demande une élaboration singulière. Les travailleurs sociaux peuvent être amenés, pour allier ses tensions, à convoquer différentes postures et positionnements pour prendre positions ; pour ce faire, ils s'appuient sur un registre de valeurs, qui selon l'issue choisie, pourra générer un inconfort émotionnel, lui-même source de conflits. Comme nous l'avons vu, le conflit est une épreuve. Mais dans cette épreuve, les tensions font l’objet d’un traitement, dont l’issue est de pouvoir les évacuer, et de résoudre les conflits, par des décisions, parfois arbitraire. Nous proposons, de maintenir les tensions et les crises, de ne pas les évacuer, afin de les penser et les élaborer, individuellement et collectivement...par la réflexion éthique et par la participation des personnes accompagnées. Nous avons constaté, que pour parer aux complexités du réel de l'activité, les professionnels s'appuient, dans de nombreuse situations, sur du pilotage, à l’endroit de la morale. Il paraît nécessaire, cependant, de clarifier, que la morale peut se discuter, à l'endroit de l'éthique. L’éthique, ici, s’entend, comme réflexion argumenté sur les valeurs, dans un questionnement sur nos habitudes et nos manières d’être avec les autres. ( Des expérimentations actuelles, Actuellement, terrain d'étude, Unapei Alpes Provence, depuis mars 2022, des ateliers éthiques, avec 200 professionnels et des ateliers avec des personnes en situation de déficience intellectuelle), démontrent des pistes émancipatrices, par la culture du questionnement. La tradition philosophique, depuis l’antiquité, documente les questions morales et les jugements que les humains produisent. La réflexion éthique favorise une élaboration de la posture professionnelle, en faveur de la participation. Ces ateliers permettent un dialogue entre morale et éthique, « on conviendra aisément qu'il importe au plus haut point de savoir si l'on n'est pas dupe de la morale » (Levinas, 1961), ce qui semble constituer, une révision des pratiques, incarnées par les acteurs eux-mêmes, dans une maïeutique d’élaboration de la pensée. La philosophie de Levinas, propose des apports, sur lesquels nous pouvons nous appuyer, vers une compréhension inspirante de ce qui peut être aussi, entendu par éthique « une mise en question de ma spontanéité par autrui, (Ethique et Infini, EL.) Les apports féconds de la phénoménologie, courant de pensée philosophique, dont Levinas fait partie, nous permettent de questionner des mécanismes de pensées, qui, comme nous l'observons actuellement, sont bien souvent dévitalisés. Une réflexion philosophique peut-elle recouvrir des espaces de respiration, permettant d'élaborer une pensée professionnelle, en y associant les personnes ? La phénoménologie revêt que « tout ce qui s’offre à nous de façon originaire dans sa réalité corporelle doit être simplement reçu pour ce qu’il se donne »(Husserl,) Accueillir « les phénomènes comme ils se donnent » (Heidegger, 1985) c’est accueillir ce qui manifeste, comme cela se manifeste, en dehors des autoroutes de pensées. N’est-ce pas une entrée transformatrice, opportunité de réviser des représentations, des doctrines, d’être à l’autre, par sa présence, loin des évidences. Husserl, aborde le préréflexif, « dans les couches inférieures, où l’on peut trouver les présupposés ». Ce processus proposé par l’approche phénoménologue, constitue, ici, dans le contexte de l’intervention, un climat propice à un réflexion sur la posture professionnelle, et ce que nous pensons, une réflexion sur l’autre, dans un mouvement d’altérité. « Rencontrer un homme c’est être tenu en éveil par une énigme » (Levinas, 1949). Une énigme qui habite et percute le professionnel, dan son humanité, L’éthique de Levinas se développe sur une réflexion critique de soi, (du Même) par la présence de l’autre (Autrui) « l’autre m’altère mais ne m’englouti pas ». C’est en ce sens, que la participation d’autrui, la personne qu’il accompagne, développe une présence, permettant au professionnel de ne pas réduire la personne, de ne pas l’écraser, tout en restant unique, et, singulier, dans son identité professionnelle, aussi. «La rencontre d’autrui est la source première de mon individuation » (Pillant, 2021) Celle-ci s’opère par une entrée en éthique en décryptant la connaissance des valeurs, par le registre des émotions, « la connaissance des valeurs dépend de nos émotions, ces dernières étant conçues comme des perceptions de valeurs » (Tappolet, 2000). Les professionnels présents au cœur des ateliers sont invités à évoqués des évènements difficiles, qu’ils peuvent remettre en scène, et pour lesquels, les autres membres présents, se reconnaissent. Le congrès d’AIFRIS, constitue une opportunité de contradictoire, et d’exploration des points de vue d’autres pays, d’autres regards, postures, particulièrement propices. De même, ces questionnements méritent d’autres débats, qu’ils nous semblent déterminant de soulever. Pouvons-nous discuter la morale de la société, des professionnels, des politiques publiques ? Ne discutons-nous pas, bien souvent, la morale des personnes en situation de handicap ? Quelle place donner à leur conception du monde, leurs valeurs, leurs jugements moraux ne sont-ils pas niés ? Parce que nous savons ce qui est « bon » pour eux, « juste », adaptés, aux fins de les protéger ?

Résumé en Anglais

After having described the context of the crisis, and the impacts of the modes of organization, of the standardized type, we have proposed avenues for reflection, to think about some of the tensions currently going through the social and medico-social sector in France.We testify to a thesis, currently being explored, in order to develop hypotheses, between ethics and participation, and their interdependent relationship, in a dialectic. Thus, we have, in a synthetic way, described a singular methodology, inspired by an ethics applied to social work. The philosophy of ethics of Levinas allows us to think, through ethical reflection, a concern for others, BY the other. The ethical workshops seem to us to constitute spaces for the emancipation of the protagonists, a lever for new knowledge, constituting embodied standards. However, we would like to discuss these hypotheses, these research paths. The AIFRIS congress is an opportunity to contradict each other, and to explore the points of view of other countries, other views, postures, which are particularly favorable. Likewise, these questions deserve other debates, which we believe are essential to raise. Can we discuss the morality of society, of professionals, of public policies? Don't we often discuss the morality of people with disabilities? What place to give to their conception of the world, their values, their moral judgments are they not denied