Fiche Documentaire n° 2365

Titre La Thérapie Communautaire Intégrative

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l'auteur principal

Auteur(s) PINTADO Valérie
DURAND Marie-Laure
 
     
Thème Un modèle d’intervention sociale collective innovant, un intérêt majeur dans le cadre des formations en travail social  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

La Thérapie Communautaire Intégrative

En 25 ans, la Thérapie Communautaire Intégrative (TCI) a démontré qu’elle était un des instruments précieux en travail social et santé communautaire. Elle est née en 1987 au Brésil de la rencontre d’une communauté de migrants vivant dans une favela du nord-est Brésilien et de l’ethnopsychiatre Adalberto BARRETO (dans le cadre du Département de Santé Communautaire de la faculté de médecine de l’université fédérale du Cearà).

Il s’agit donc d’un modèle d’intervention communautaire qui s’inscrit dans une visée de participation collective de la population. Elle se déroule en groupe avec des animateurs formés en TCI. Elle propose un modèle d'intervention collective novateur qui pose un autre regard sur les situations de pauvreté, d’isolement et d’exclusion en se centrant sur les solutions possibles.

Ce modèle co-participatif favorise la circulation de l’information, suscite la co-responsabilité, fait émerger les innovations et auto-solutions. De ce fait, elle vise à développer l’estime de soi, la construction de réseaux de solidarité par le renforcement des liens sociaux et la communication entre les différents savoirs (populaires, scientifiques, politiques...) en les décloisonnant.

Cette pratique nommée en Europe, “Espaces de paroles, d’écoute et de liens”, valorise ainsi les acquis existentiels, les savoirs populaires et les ressources culturelles.

Le rôle central de l’animateur de TCI consiste à favoriser la découverte des ressources individuelles et collectives et à mobiliser ce qui est possible en chacun. Cela ne consiste pas à résoudre les problèmes des personnes mais bien à susciter une dynamique qui permette le partage des expériences de vie. En cela, c’est un outil de prévention des souffrances psychiques et sociales qui rend l’individu et la communauté plus autonomes et moins dépendants des spécialistes et institutions spécialisées.

Dans le cadre de l’IFTS d’Echirolles, la TCI fait partie intégrante du projet pédagogique en formation initiale et continue. Nous avons mis en place des groupes de TCI sur la filière des ASS depuis maintenant 7 ans avec le projet de développer cette approche d’intervention sociale sur l’ensemble des filières en formation initiale.

A partir de cette expérience, nous souhaitons partager notre réflexion sur l'intérêt de ce modèle d'intervention en formation comme une des modalités pédagogiques innovantes de transmission des savoirs. L’enjeu étant d’adapter ces modalités d’intervention au défi actuel de l’intervention sociale de façon à être au plus près de l’évolution des besoins des populations.

Comment donner l’occasion aux étudiants de s’approprier des savoirs autres que ceux théoriques en expérimentant cet espace collectif de la TCI où ils partagent leurs expériences de vie, leurs savoirs de façon horizontale et circulaire ? Comment créer l'opportunité de se décaler de l’idée que seuls les techniciens et les spécialistes sont détenteurs du Savoir et ainsi ne pas occulter l’expertise des personnes, des usagers ?

Et enfin comment, en tant que formateur, valoriser les expériences antérieures des étudiants (personnelles et professionnelles) en des savoirs utiles à l’intervention sociale ?

Nous développerons donc une réflexion en deux temps :

dans un premier temps, nous aborderons en quoi l’expérience menée avec les étudiants ASS est venue modifier leur pratique tant au niveau du regard qu’ils portent sur les publics qu’ils accompagnent que sur leur positionnement professionnel.
dans un second temps, nous montrerons en quoi cela vient modifier notre approche de la transmission des savoirs en tant que formateur en développant l’autonomie des étudiants dans une idée de co-construction des savoirs et des compétences dans un processus intégratif.

Bibliographie

BARRETO Adalberto, Thérapie communautaire : pas à pas, Ed. Dangles, 2012.

BARRETO Adalberto et Boyer J P., « L’Indien qui est en moi », Descartes et Cie, 1996. Réédition en 2006, les Amis de 4 Varas.

DURAND ML et Al, Thérapie communautaire : Des espaces d’écoute, de paroles et de liens, in : Supplément spécial paru dans le n°146 du Journal de l’Action Sociale, avril 2010.

Présentation des auteurs

Marie-Laure Durand, formatrice à l'IFTS Echirolles et psychologue en institution spécialisée.
Valérie Pintado, éducatrice spécialisée et formatrice à l'IFTS.

Communication complète

En tant que formateurs, nous devons transmettre des notions aux étudiants travailleurs sociaux, telles que « la citoyenneté et la participation des usagers, l’usager au centre du dispositif, intervention sociale d’intérêt collective, mobilisation des habitants, compétences… ». Mais il ne s’agit pas que de les enseigner, de leur apprendre des savoirs, mais de savoir les penser, et pourquoi pas de les vivre pour les mettre en pratique. Comment alors transformer ces mots en réalité dans le quotidien des pratiques éducatives ? Comment permettre aux futurs professionnels de mettre en œuvre cette citoyenneté, ce droit à être acteur de sa vie, de son projet quelle que soit la souffrance, le handicap des personnes que nous sommes en train d’accompagner ?
Dans le cadre de l’Institut de Formation de Travailleurs Sociaux d’Echirolles (IFTS), une des réponses à ces questions est de proposer aux étudiants d’expérimenter des espaces de Thérapie Communautaire Intégrative (TCI) comme modèle d’intervention sociale collective.

I. Qu’est ce que la TCI ?
Elle est née en 1987 au Brésil de la rencontre d’une communauté de migrants vivant dans une favela du nord-est Brésilien et de l’ethnopsychiatre Adalberto BARRETO. En 25 ans, la TCI a démontré qu’elle était un des instruments précieux en travail social et santé communautaire. En Europe, nous parlons d’espace d’écoute, de paroles et de liens, les termes de « thérapie et communautaire » suscitant des malentendus…
Au-delà d’une simple technique, la Thérapie Communautaire se révèle être une philosophie qui s’inscrit dans une démarche co-participative et citoyenne et dans une approche collective des problèmes psychosociaux. Elle s’organise autour de 5 axes théoriques : la pensée systémique, la théorie de la communication, l’anthropologie culturelle, la pédagogie de Paulo Freire et la résilience et repose sur 3 présupposés fondamentaux : aucun individu n’est isolé, il appartient à un réseau relationnel ; toute personne s’est forgée des ressources et des savoirs au cours de son existence, même si elle l’ignore et ces compétences peuvent être utiles aux autres, à condition qu’il existe un dispositif qui rende possible le partage (tel que celui de la TCI).

La Thérapie Communautaire est donc un espace collectif où l’on partage ses expériences de vie et ses savoirs, de façon horizontale et circulaire. Même si elle part d’une difficulté, il s’agit bien d’une approche centrée sur le partage de solutions et non sur les problèmes. De ce fait, elle vise à développer l’estime de soi, la construction de réseaux de solidarité par le renforcement des liens sociaux et la communication entre les différents savoirs (populaires, scientifiques, politiques...) en les décloisonnant (valorisant ainsi les acquis existentiels, les savoirs populaires et les ressources culturelles).
Ces espaces fonctionnent selon des règles et un déroulement très précis qui, en prenant comme point de départ une “situation–problème”, permettent de dégager un ensemble de solutions à partir de l’échange d’expériences vécues, dans un climat de tolérance et de liberté, protégé de toute projection et tout désir d’influence (écoute bienveillante et attentive, respect de la parole de l’autre, pas de conseils, pas de jugements, pas d’analyses ou d’interprétations, parler seulement à la première personne des expériences vécues, la libre association d’idées par l’utilisation de proverbes, chansons…). Ils sont animés par 2 personnes formées à la TCI.

II. La place de la TCI dans la formation initiale des travailleurs sociaux
Dans le cadre de l’IFTS, la TCI fait partie intégrante du projet pédagogique en formation initiale et continue. Nous avons mis en place ces groupes sur la filière des Assistants de Service Social (ASS) depuis maintenant 7 ans et développons actuellement cette approche d’intervention sociale sur l’ensemble des filières en formation initiale.

§ Les objectifs de l’introduction de la thérapie communautaire dans la formation initiale des ASS sont en lien avec les principes mêmes de la TCI et le référentiel métier et de formation :
1er - De la découverte à l’expérimentation d’un outil innovant d’intervention collective : cette expérimentation s’inscrit dans le programme de formation comme un modèle innovant d’Intervention Sociale d’Intérêt Collectif (ISIC). L’apprentissage de la dynamique des groupes et la recherche d’un positionnement professionnel par l’expérimentation nous sont apparus pertinents pour les étudiants ASS souvent sollicités sur le terrain pour impulser et accompagner des actions collectives avec les usagers. Ce n’est pas seulement une sensibilisation à une pratique mais bien en passer par le vécu du groupe de façon à repérer ce que les usagers eux-mêmes peuvent vivre dans de telles situations mais également, être en capacité d’animer un collectif... Les expériences s’ancrent d’abord dans le vivre ensemble, dans le corps avant de s’intellectualiser afin de permettre une véritable appropriation de l’action collective par l’expérimentation de cette dynamique de groupe.
2ème - Découvrir un autre positionnement personnel et professionnel, expérimenter un autre regard sur l’autre, une autre manière d’accompagner :
§ Par l’horizontalité des acteurs, ce qui permet d’être dans un positionnement plus authentique, plus juste, plus égalitaire, plus humaniste.
§ Par la question du savoir décentralisé en s’appuyant sur les compétences et ressources des personnes accompagnées : l’Autre est porteur de la solution en soi et pour l’autre. Le travailleur social n’est pas qu’un pourvoyeur de prestations, de technicités, de savoirs, mais celui qui apprend des personnes qu’il accompagne ou qui leur permet de découvrir leurs propres richesses, ressources. Ainsi, la TCI valorise la différence, la diversité des vécus.
3ème - Etre un espace ressource, d’accueil et de soutien des difficultés individuelles : certains étudiants rencontrent des difficultés personnelles au cours de leur formation et ne peuvent faire l’économie de l’impact émotionnel des situations rencontrées lors de leur stage. La TCI peut être, dès lors, un lieu où les difficultés peuvent être déposées, tout en étant complémentaire aux autres espaces d’écoute prévus dans le cadre des formations.

§ L’impact de la TCI : participer et s’engager dans un groupe de paroles met au travail son propre positionnement personnel tout autant que professionnel. Voici quelques éléments d’évaluation énoncés par les ASS qui ont participé à ces groupes dans le cadre de leur formation :
a) Sur le processus de formation : la TCI contribue à rendre les étudiants acteurs de leur processus de formation. Par cette expérimentation, la démarche d’action collective fait sens dans la réalité de leur pratique et permet une meilleure appréhension du travail de groupe et de se sentir plus à l’aise dans l’animation. La participation à ces groupes favorise également une dynamique de promotion, une nouvelle cohésion collective par la création de liens de solidarité.
b) Sur le positionnement professionnel : la circularité et l’horizontalité viennent modifier le positionnement personnel et professionnel sur 3 points essentiels…
→ Découverte d’une autre manière de communiquer grâce aux règles garanties par tous les membres du groupe permettant de créer un climat de confiance qui favorise les échanges constructifs et non jugeants. Par ailleurs, les situations traitées au cours des séances font écho entre ce que les étudiants éprouvent parfois au quotidien avec ce que les usagers vivent (difficultés à demander de l’aide, à parler de soi, à vivre des situations de dépendance…). Ainsi, ils ont pu comprendre qu’il était difficile pour les usagers de s’ouvrir et de se dévoiler aux autres. Ils sont donc plus attentifs à ce que leurs paroles peuvent induire et provoquer chez leurs interlocuteurs et être ainsi moins intrusifs (ou mieux comprendre les réticences de certains à partager leur vécu avec eux).
De ce fait, apprendre à communiquer à partir d’un autre cadre proposé par la TCI, leur a permis une meilleure gestion des conflits de groupe.
→ Porter un autre regard sur les publics à partir de cette expérience vécue : il s'agit de s'appuyer sur les compétences et savoir-faire de chacun afin de leur permettre de trouver des solutions nouvelles tant en eux qu'au sein du collectif ; de renforcer et s’appuyer sur la dynamique interne de chaque personne pour que chacun puisse découvrir ses valeurs, potentialités et devenir plus autonome en construisant l’estime de soi. Savoir découvrir ses propres ressources personnelles a également permis aux étudiants d’accompagner les personnes « vulnérables » à trouver les leurs, avant même de vouloir agir, en tant que professionnels, sur leurs manques, dans une position d’expert.
→ Savoir s’appuyer sur le collectif et ses ressources en stimulant la participation comme élément essentiel pour dynamiser les relations sociales en incitant le groupe à prendre des initiatives et à devenir l’agent de sa propre transformation. Ils ont ainsi approché la question de la complémentarité dans le groupe : chaque personne est en mesure d’avoir une place et d’apporter à l’ensemble du collectif.
→ Se faire confiance : actuellement, les travailleurs sociaux relèvent un manque important d’espaces d’analyse de leur pratique professionnelle dans les institutions. Pour autant, ils oublient qu’ils peuvent également mettre en œuvre, à leur échelle, des groupes de réflexion à partir de leurs ressources propres : avoir expérimentés la TCI dans le cadre de la formation leur permet d’œuvrer en ce sens pour être plus indépendants et autonomes collectivement sans attendre pour autant la présence d’un tiers expert.
c) Sur le positionnement personnel : Réapprendre à être en contact avec ses émotions, c’est à dire les repérer et les mettre en mots, est un enjeu majeur de la TCI pour faire de ces émotions des ressources plutôt que des freins dans la pratique professionnelle. Cela permet, par là même, de prendre de la distance tant avec son propre vécu qu’avec celui de l’autre et être ainsi mieux positionné dans la relation. Par l’entraide, le soutien mutuel, les étudiants se sont autorisés à aborder des vécus personnels qui ont des répercussions sur le processus de professionnalisation. Cet espace a pu répondre à la dimension du « prendre soin de soi » pour mieux prendre soin des autres.

III. En quoi la pratique de la TCI est venue modifier notre approche de la transmission des savoirs en tant que formateur ?
Si l’expérience de ces « groupes d’écoute, de paroles et de lien » est venue modifier la pratique professionnelle des étudiants en formation, cette approche a également interrogé le rapport à la transmission des formateurs utilisant ce modèle d’intervention.
En tant que formateurs, nous rencontrons régulièrement des étudiants dans un besoin (parfois avide) d’être nourris de savoirs portés par d’autres, nous positionnant ainsi comme seuls détenteurs des savoirs. La formation et la pratique de la TCI a permis, à certains d’entre nous, d’expérimenter une modification de nos outils pédagogiques quant à la transmission et le partage des savoirs en nous appuyant sur le rôle central de l’animateur de TCI.

§ Partage des savoirs de façon circulaire : « des pairs plutôt que des experts »
→ Lorsqu’un étudiant évoque des situations qui le questionnent, il s’adresse essentiellement au formateur, dans l’attente d’une réponse qui lui permettrait de comprendre les tenants et les aboutissants des évènements vécus ; ses autres collègues de formation étant plus des témoins de ces échanges que de réels interlocuteurs. Afin d’éviter cet écueil, le formateur peut mobiliser l’ensemble des étudiants sur ce qu’ils savent, sur les questions qu’ils se posent à cet égard, ce qu’ils en ont déjà compris… ce partage se faisant au sein d’un collectif afin que les solutions, les réponses dont ils sont porteurs individuellement et collectivement puissent être échangées. Il est donc essentiel de porter une attention toute particulière aux savoirs détenus par les étudiants eux-mêmes, à travers leurs expériences de stage, leurs pratiques antérieures, leurs lectures mais aussi, leurs acquis existentiels… Par ailleurs, travailler sur les ressources et compétences individuelles et présentes au sein du collectif avant même d’aborder les difficultés, nous apparaît également essentiel afin que les erreurs ne soient plus « mal vécues » mais faisant partie intégrante du processus d’apprentissage. Ils deviennent ainsi pédagogues pour eux-mêmes autant que pour leurs pairs et les formateurs.
→ Cette dynamique est fondamentale quant à la transmission dans la mesure où elle décentre le formateur d’une possible position hégémonique en tant qu’expert, qui le renvoie inlassablement à ses manques. Ne pas être dans ce désir d’un « tout-savoir » démontre également aux étudiants qu’il est possible de ne pas tout maîtriser, et que les réponses aux questions qu’ils se posent sont également à trouver dans l’expérience de la rencontre de l’Autre, quelque qu’il soit. Cela permet, dès lors, d’expérimenter la nécessaire humilité inhérente aux pratiques sociales et médico-sociales.
→ Cette stratégie de partage et de diffusion des savoirs n’est possible qu’au travers d’une circularité de la parole. Ainsi, les savoirs tant théoriques que pratiques apportés par les étudiants sont tout aussi importants que ceux du formateur, l’essentiel étant la mise en réflexion de chacun des points abordés au sein même du groupe de travail. Cela demande, pour le formateur, d’être un catalyseur permettant l’émergence d’une conscientisation de ces savoirs individuels et communs (en essayant de les rassurer sur ce qu’ils savent déjà), des liens théorie/pratique, de la prise de distance, tout en s’appuyant sur le groupe en tant que force pour penser, élaborer. Cela nécessite, de travailler sur l’engagement, la complémentarité, les modalités de prise de parole, d’expression, de respect et d’acceptation des différences en tant que richesse : en ce sens, cela vient modifier nos rapports au Savoir tout autant qu’au Pouvoir.
→ Quel que soit le support pédagogique utilisé (cours, TD…), cette modalité de partage des savoirs requière une plus grande disponibilité d’esprit pour le formateur que celle nécessaire dans une transmission unilatérale de « maître à élève » dans la mesure où les interactions, interrelations sont sollicitées de façon permanente. Cela nécessite par ailleurs d’avoir confiance dans la compétence des étudiants à produire leurs propres savoirs, d’accepter d’apprendre également d’eux et avec eux, tout autant qu’ils apprennent de nous, sans pour autant qu’il n’y ait confusion des places de chacun.

§ Corporel et émotionnel : deux registres de savoirs partagés
→ Les étudiants sont souvent déstabilisés lorsque nous leur ouvrons des perspectives pédagogiques autres que les cours magistraux et qui sont en lien avec le corporel et les émotions. Aller à la rencontre des émotions n’est pas un exercice des plus simples mais il est un gage d’une compréhension plus fine de notions telles que l’altérité, la tolérance, le respect de l’Autre, de sa culture, de son histoire… Ce détour par les émotions permet également de sortir du registre « scolaire » des travaux demandés dans le cadre de la formation et diversifie les modes d’approche réflexifs qui fondent la construction d’un positionnent professionnel. Ne plus être uniquement dans l’intellectualisation permet une véritable appropriation des savoirs.
→ Il en va de même à travers le rapport au corps et à l’espace : modifier les espaces induit un rapport différent aux corps. Le formateur n’est plus derrière un bureau, face aux étudiants, mais parmi eux, dans une proximité de penser. Cela vient, par là même, modifier les interventions : en agissant sur le cadre, les étudiants, tout autant que le formateur, se mobilisent différemment et s’autorisent à une certaine créativité.

La formation en TCI implique un travail sur soi et nous engage, en tant que formateur, à modifier nos pratiques de transmission. Pour certains d’entre nous, la pratique de la TCI est venue réaffirmer et légitimer notre positionnement professionnel en donnant un cadre à des interventions que nous voulions déjà en dehors de toute expertise.

Conclusion :

La TCI induit un changement de posture et de positionnement qui vient réellement s’ancrer dans une réalité partagée entre étudiants et formateurs, entre professionnels et usagers. Elle est un des chemins qui peut permettre de nous engager véritablement dans « un vivre et un penser ensemble » des savoirs et vécus partagés en lien avec l’idée de participation citoyenne dans le réel de nos pratiques professionnelles. Il est important de considérer ces espaces de paroles, d’écoute et de liens comme un vivier d’éléments pédagogiques au même titre que des cours ou des TD… intégrant une dimension plurielle des savoirs. Cela permet aux étudiants d’être dans une co-construction de ces savoirs, dans une expérimentation grandissante de leur autonomie et indépendance. Il ne s’agit pas seulement d’engranger des connaissances mais bien de se former à la dimension réflexive qui donne du sens à la pratique tout autant qu’à la dynamique de groupe.

Pour conclure, la pratique de la TCI permet d’entrevoir que la frontière entre le personnel et le professionnel est ténue mais inhérente aux pratiques sociales et médico-sociales. Pour autant, elle n’est pas à diaboliser mais à comprendre en tant qu’humanité universelle partagée, quelle que soit notre place et qu’à ce titre, elle est une force.

Valérie PINTADO, éducatrice spécialisée et formatrice IFTS et
Marie- Laure DURAND, psychologue clinicienne et formatrice IFTS

Résumé en Anglais


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