Fiche Documentaire n° 4803

Titre La solidarité au cœur de la réflexivité dans les pratiques d’intervention : enjeux éthiques et politiques

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) DIERCKX Carine  
Site de l'auteur https://travailsocial.uqam.ca/fichier/document/curriculum_uqam_04_2016.pdf ( DIERCKX Carine )  
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

La solidarité au cœur de la réflexivité dans les pratiques d’intervention : enjeux éthiques et politiques

La solidarité au cœur de la réflexivité dans les pratiques d’intervention : enjeux éthiques et politique
Comment la réflexivité mise en œuvre par les acteurs de l’intervention sociale peut-elle être porteuse de solidarité ? Quelle est la portée à la fois cognitive, éthique et pratique de ce travail, à quelles conditions est-il émancipateur ?
Ces questions prennent un sens particulier aujourd’hui, dans un contexte marqué d’une part, par des transformations importantes dans les relations sociales et dans les liens de solidarité formelle ou informelle (Bec, 2007 ; Paugam, 2011) et d’autre part, par une forte mobilisation des sujets, en particulier dans les pratiques d’intervention sociale (Cantelli & Genard, 2007 ; Franssen, 2003). Et ce, dans le cadre de politiques publiques devenues incitatives et évaluatives, responsabilisantes des individus (Soulet, 2005), faisant appel à leurs capacités et à leur participation « réflexives » selon des formes variables, non exemptes d’effets de fragmentation et de domination (Beck & al, 1994 ; Demailly, 2008 ; Bellot &al, 2013 ; Chouinard et Caron, 2015).
Elles sont traitées ici à partir d’un angle spécifique, celui des intervenants sociaux en contexte québécois, dans le cadre d’une enquête d’inspiration pragmatiste et foucaldienne (Dierckx, 2017). Celle-ci s’appuie sur des écrits publiés par des intervenants sociaux ou des chercheurs proches des acteurs : il s’agit de partir de ce qui se questionne et se travaille sur le terrain, et qui s’exprime publiquement concernant les insuffisances actuelles dans les pratiques.
L’objectif de cette contribution est d’identifier la manière dont les enjeux de solidarité se font jour au cœur même du « travail » de la réflexivité et ce qu’ils impliquent pour les sujets agissants, engageant l’éthique sur le terrain politique. Une question-clef qui se dégage est en effet celle du rapport à soi et à l’autre dans ce travail réflexif : comment recomposer des solidarités sans ramener l’autre à soi, à un « nous » auquel il n’adhère pas de lui-même, qu’il ne contribue pas à constituer ? Cette question s’adresse également aux chercheurs dans leurs relations aux acteurs. Elle implique de s’interroger sur les liens entre réflexivité, solidarité et émancipation, face aux risques de renforcer ou de produire des nouvelles formes d’exclusion, d’enfermement ou de domination dans les recompositions solidaires.
Je me réfère ici à quelques points-clefs de la conceptualisation foucaldienne, qui mettent en évidence les enjeux de pouvoirs dans les usages du sujet et de la réflexivité, et qui posent la question du « nous » dans la problématisation de pratiques spécifiques (Foucault, 1994b, 1994c ; Gros, 2002 ; Potte-Bonneville, 2004 ; Remaud, 2003). Une telle grille, inscrite dans une perspective pragmatiste plus large, me sert à repérer, dans les écrits, la manière dont les « auteurs-acteurs » du social s’ouvrent à autrui et à sa parole, à certaines formes de solidarité et d’action en commun dans leur propre réflexion, et contribuent à leur manière à façonner « une communauté de destin élargie » (Maesschalck, 2006, p.282). Et cela, tant dans leur questionnement à propos des insuffisances rencontrées dans leurs pratiques, que dans le type de réflexivité qu’ils y mettent en œuvre, et dans le processus d’écriture utilisé. $
J’analyse ici sur cette base un exemple particulièrement significatif : un article publié par une travailleuse sociale en clinique jeunesse. Il montre la portée « solidaire » de certaines formes de réflexivité, articulant éthique et politique dans un raisonnement rigoureux, en prise sur le réel et sur des perspectives d’action.

Enfin, je tente de dégager ce qu’implique un tel processus réflexif pour être émancipateur, en pointant les enjeux d’une transformation des subjectivités et d’un travail sur les relations de pouvoirs et de savoirs, impliquant aussi de nouvelles articulations « solidaires » entre recherche, pratiques et politiques.

Bibliographie

Bec, C. (dir.). (2007). La solidarité à l'ère de la globalisation. Fribourg : Academic Press Fribourg/Éditions Saint-Paul.
Beck, U., Giddens, A. & Lash, S. (1994). Reflexive modernization : politics, tradition and aesthetics in the modern social order. Stanford, Calif.: Stanford University Press.
Bellot, C., Jetté, C. et Bresson, M. (dir.). (2013). Le travail social et la nouvelle gestion publique. Québec : PUQ.
Biron, L. (2006). La souffrance des intervenants : perte d'idéal collectif et confusion sur le plan des valeurs, Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux 2006/1 (36), 209-224.
Cantelli, F. & Genard, J.-L. (dir) (2007). Action publique et subjectivité. Paris : Droit et société, 46, L.G.D.J.
Chouinard, I. & Caron, J. (2015). « Le recours aux approches réflexives dans les métiers relationnels : modélisation des conceptions de la réflexivité ». Phronesis 4(3), 11-21.
CNRTL (2012). Entrées « Affection », « Epreuve », « Eprouver », En ligne, http://www.cnrtl.fr/definition/, pages consultées le 5 juin 2017.

Demailly, L. (2008). Politiques de la relation. Approche sociologique des métiers et activités professionnelles relationnelles. Villeneuve-d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion.
Dierckx, C. (2017). « Réflexivité, pouvoirs et transformation des pratiques », Nouvelles Pratiques Sociales 28 (2).
Foucault, M. (1994a). « La fonction politique de l’intellectuel ». Dans D. Defert et F. Ewald (dir.), Dits et écrits 1954-1988 par Michel Foucault (Tome III), Paris : Gallimard, 109-114.
Foucault, M. (1994b). « Le sujet et le pouvoir », Dans D. Defert et F. Ewald (dir.), Dits et écrits 1954-1988 par Michel Foucault (tome IV). Paris : Gallimard, 222-243.
Foucault, M. (1994c). « Polémique, politique et problématisations ». Dans D. Defert et F. Ewald (dir.), Dits et écrits 1954-1988 par Michel Foucault (tome IV) Paris : Gallimard, 591-598.
Foucault, M. (1994d). « Est-il donc important de penser ? Entretien avec D. Éribon ». Dans D. Defert et F. Ewald (dir.), Dits et écrits 1954-1988 par Michel Foucault (tome IV). Paris : Gallimard, 178-182.
Foucault, M. (1994e). « Qu’est-ce que les Lumières ? » Dans D. Defert et F. Ewald (dir.), Dits et écrits 1954-1988 par Michel Foucault (tome IV). Paris : Gallimard, 562-578.
Foucault, M. (2001). L'herméneutique du sujet : cours au Collège de France (1981-1982). Paris : Gallimard.
Franssen, A. (2003). « Le sujet au cœur de la nouvelle question sociale », La Revue Nouvelle 12, 10-51.
Gros, F. (2002). « Sujet moral et soi éthique chez Foucault », Archives de Philosophie 2 (65), 229-237.
Maesschalck, M. (2006). "Solidarité et apprentissage social", in Vincent, G. (dir.). Hospitalité et solidarité: éthique et politique de la reconnaissance. Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 257-282.
Maesschalck, M. (2015). «Lire Fanon aujourd’hui », Les Carnets du Centre de Philosophie du Droit, 164.
Paugam, S. (dir). (2011). Repenser la solidarité : l’apport des sciences sociales. Paris : PUF.
Payet, J.-P., Giuliani, F. & Laforgue D. (dir.) (2008). La voix des acteurs faibles. De l'indignité à la reconnaissance. Rennes : PUR.
Potte-Bonneville, M. (2004). Michel Foucault, l'inquiétude de l'histoire. Paris : PUF.
Potte-Bonneville, M. (2010). Foucault. Paris : Ellipses.
Remaud, O. (2003). « Éthique et politique : Foucault et Spinoza », dans Da Silva Emmanuel (dir.), Lectures de Michel Foucault. Volume 2 : Foucault et la philosophie. Lyon : ENS éditions, 39-58.
Revel, J. (2009). Le Vocabulaire de Foucault. Paris : Ellipses.
Soulet, M-H. (2005). « Une solidarité de responsabilisation ? » dans Ion, J. (dir), Le travail social en débats ». Pari : La découverte.
Zask, J. (2004). « L’enquête sociale comme inter-objectivation ». Raisons Pratiques 15, 141-166.

Présentation des auteurs

Carine Dierckx est philosophe et travailleuse sociale de formation. Elle est actuellement chargée de cours en travail social à l’UQÀM où elle enseigne l’éthique, et poursuit un doctorat en Philosophie à l’Université de Sherbrooke.Elle est membre de l’AQCFRIS et du Conseil Scientifique Permanent de l’AIFRIS. Elle s’intéresse aux potentialités émancipatrices de la réflexivité des travailleurs sociaux, et plus largement aux enjeux éthiques, épistémologiques et politiques du travail social. Parmi ses publications récentes : « Penser les conditions et enjeux de la réflexivité dans les pratiques professionnelles aujourd’hui : l’apport de Charles Taylor » dans Fourdrignier, M., F. Tschopp, et Y. Molina (dir), Dynamiques du travail social en pays francophones. Genève : IES Editions, 2014.

Communication complète


Non disponible

Résumé en Anglais


Non disponible