Fiche Documentaire n° 5378

Titre Réflexivité en travail social et agir participatif : comment et en quoi les réflexions professionnelles permettent-elles d’interroger l’intervention sociale en rapport à la participation sociale ?

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Auteur(s) LOSER Francis
RODARI Sophie
AVET L'OISEAU Sylvie
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Réflexivité en travail social et agir participatif : comment et en quoi les réflexions professionnelles permettent-elles d’interroger l’intervention sociale en rapport à la participation sociale ?

Notre contribution vise à questionner et mettre en débat la notion de réflexivité telle qu’elle est mobilisée dans le champ du travail social et cela en rapport aux interventions qui soutiennent la participation sociale.
Afin de contextualiser notre propos, il convient de rappeler que le paysage de la formation professionnelle en Suisse et dans les autres pays occidentaux a subi une profonde mutation à la faveur de la réforme de Bologne. Depuis lors, pour renforcer les apprentissages métier, l’employabilité et la mobilité professionnelle, les savoirs disciplinaires ont cédé la place à une entrée par compétences qui ont promu la figure du praticien réflexif (Schön, 1994). Valoriser les savoirs métiers constitue une initiative heureuse car elle vient rappeler que l’exercice professionnel ne se limite pas au savoir-faire, mais exige des praticien-ne-s de devoir structurer les situations ambiguës et mal définies auxquels ils et elles sont confronté-e-s dans leur quotidien et d’observer une prudence dans la décision et l’intervention (Vrancken, 2012). Cela suppose une capacité à déployer de bonnes compétences réflexives. Toutefois, certains chercheur-e-s (Dolz & Ollagnier, 1999 ; Tardif, 2012 ; Monceaux, 2013) regrettent que l’entrée par compétences privilégie une perspective positiviste de l’activité professionnelle qui place le focus sur le ou la praticienne, son agir et ses compétences, au détriment d’un regard interactionniste qui conçoit l’intervention sociale comme le produit entre acteurs et actrices situé-e-s dans un contexte donné. Plus largement, une telle perspective conduirait à un processus de rabattement des institutions sur l’organisationnel (de Gaulejac, 2005 ; Ravon, 2017) au détriment de la question sociale et politique. D’une certaine façon, l’entrée par compétences placerait le focus sur les compétences instrumentales des acteurs et actrices et leur adaptabilité au poste, au détriment d’une perspective critique qui prend en compte les enjeux environnementaux ainsi que les rapports de domination.
Si la notion de réflexivité, associée à l’entrée par compétence à la posture du praticien réflexif, revient comme un leitmotiv, nous nous interrogeons quant à ses objets et finalités. Constitue-t-elle un outil au service d’une visée adaptative ou d’une visée critique qui sous-tend le questionnement de l’action ? Si l’on suit Valérie Brunel (2008) et Jacques Tardif (2012), la réflexivité ne se limite pas à une capacité à revenir sur son action en vue de son analyse, mais d’être en mesure de la considérer en regard des déterminants organisationnels et sociaux. Cette perspective élargie constitue un élément essentiel pour favoriser des interventions sociales qui soutiennent la participation citoyenne.
Au vu des éléments développés ci-avant, il nous a semblé important d’interroger la notion de réflexivité dans le champ du travail social, ce qui nous a conduit-e-s à mettre en place un projet de recherche financé par le Conseil scientifique du domaine du travail social de la HES-SO . Aussi, notre communication prendra appui sur les premiers résultats de notre enquête ethnographique qui porte sur une investigation – observations de terrain, entretiens et focus group – menée dans une demi-douzaine de dispositifs d’analyse de pratiques et de supervision (formation continue et dispositifs mis en place à la demande de professionnel-le-s). En lien avec la thématique retenue pour le 8ème congrès de l’AIFRIS, notre communication proposera des illustrations prioritairement centrées sur la réflexivité en rapport à la question du vivre-ensemble et de la participation sociale des groupes défavorisés.

Bibliographie

Brunel, V. (2008). Les managers de l'âme. Le développement personnel en entreprise, nouvelle pratique de pouvoir ? Paris : La Découverte, coll. « La Découverte/Poche ».
De Gaulejac, V. (2005). La Société malade de la gestion. Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social. Paris : Seuil.
Dolz, J. & Ollagnier E. (Ed.). (2000). L’énigme de la compétence en éducation. (Raisons éducatives, 1999/1-2). Paris : De Boeck & Larcier.
Monceau, G. (2013). Institutionnalisation de la réflexivité et obstacles à l’analyse de l’implication. Dans Béziat J. Analyse de pratiques et réflexivité (21-30). Paris : L’Harmattan.
Ravon, B. (2017). « Autonomisation, standardisation ou partage des savoirs ? Problèmes, enjeux et configurations » dans G. Monceau & Y. Molina (dir.), Les formations du secteur social aujourd'hui Transformations et diversifications, (65-73) Presses de l'EHESP.
Schön, D. A. (1994). Le praticien réflexif : à la recherche du savoir caché dans l’agir professionnel. Montréal : Les Ed. Logiques. Collection “Formation des maîtres.”
Tardiff, M. (2012). Réflexivité et expérience du travail enseignant : repenser le « praticien réflexif » à la lumière des traditions de la pensée réflexive. Dans M. Tardiff, C. Borges & A. Malo (Eds.) Le virage réflexif en éducation : où en sommes-nous 30 ans après Schön ? (47-71). Bruxelles : De Boeck.
Vrancken, D. (2012). Le travail social serait-il devenu une profession ? Quand la prudence s'invite au cœur d'un vieux débat. Pensée plurielle, 2 (30/31),27-36.

Présentation des auteurs

Sophie Rodari, sociologue et assistante sociale diplômée, spécialisée en évaluation des politiques publiques. Professeure associée HES-SO Genève. Domaines d’enseignement et de recherche : pratiques et méthodologies professionnelles, rapport à l’argent, politiques sociales.
Sylvie Avet L’Oiseau, psychomotricienne, psychothérapeute et superviseure- Professeure associée HES-SO Genève. Domaines d’enseignement et de recherche : Analyses des pratiques, Travail groupal dans les organisations, Management et travail social, Approches psychocorporelles.
Francis Loser – travailleur social et Dr en sciences de l’éducation – Professeur associé HES-SO-Genève. Domaines d’enseignements et de recherches : handicap, analyses des pratiques, travail en réseau, médiation artistique, esthétique et travail social.

Communication complète


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Résumé en Anglais


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